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Dans le milieu de la petite bourgeoisie agricole, la jeune Gabrielle dérange. Eprise de romance et de passion à une époque où cela n'est pas dans les convenances, la jeune femme rêve d'une vraie histoire d'amour. Ses crises de douleur ne seront pas prises au sérieux, on la dit folle. Pour s'en débarrasser, sa mère lui fera épouser José, un ouvrier espagnol saisonnier. Gabrielle se verra enterrée vivante et refusera de l'aimer, mais lors d'une cure thermale pour soigner son « mal de pierres », elle rencontrera André Sauvage, lieutenant blessé durant la guerre d'Indochine. L'occasion pour elle de renouer avec la passion.
Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes, Mal de Pierres est un grand drame romanesque. Nicole Garcia réalise sans doute ici l'un de ses meilleurs films en adaptant librement le roman de Milena Agus, Mal di pietre, dans un scénario co-signé avec Jacques Fieschi (scénariste ayant collaboré avec Claude Sautet, Olivier Assayas, Anne Fontaine...).
Avec cette comédie dramatique, on plonge dans le destin d'une femme des années 1950. Marion Cotillard y est troublante en Gabrielle, jeune femme avide de romance et d'amour, inadaptée à son époque, durant laquelle une femme « respectable » n'est pas sensée avouer ses passions. La jeune femme lit Les Hauts de hurlevent, comme si elle voulait que sa vie ressemble à un roman. Le très convaincant Alex Brendemühl joue José, ouvrier espagnol amoureux résigné, qui va épouser Gabrielle et supporter le manque d'amour. Le lieutenant blessé, sorte d'amant mystérieux est interprété par Louis Garrel, dont le jeu est un peu plus faible, mais il est vrai qu'il est blessé... Jolie surprise de retrouver Brigitte Roüan (Les combattants, réalisatrice de Post-coïtum animal triste) en Adèle, mère de Gabrielle un peu tyrannique concernée par sa réputation, qui va donner sa fille en mariage au premier venu.
La romance omniprésente est magnifiée par tous les éléments du récit : L'image est superbe et embrasse les paysages comme les corps. La photographie est signée par Christophe Beaucarne (Magritte 2011 de la Meilleure image pour Mr Nobody de Jaco Van Dormael). Les décors d'Arnaud de Moleron tout comme les costumes de Catherine Leterrier, nous invitent dès le début du film à entrer dans cette époque des années cinquante et nous y plongent irrémédiablement pour notre plus grand plaisir. La musique joue bien évidemment et comme il se doit, un grand rôle dans cette fiction romanesque. C'est aussi une composante intégrée à la diégèse du film à travers le piano à la fois joué par l'amant et par le fils.
En résumé, la plus belle oeuvre de Nicole Garcia.
Stéphanie Lannoy – Madamefaitsoncinema.be