Emma Stone a reçu l'Oscar de la meilleure actrice dimanche pour son rôle de jeune actrice partagée entre amours et rêves de gloire dans "La La Land", une comédie musicale où elle chante, danse et fait des claquettes, couronnant une ascension fulgurante. A 28 ans et plus de dix ans de carrière derrière elle, c'était sa deuxième nomination aux Oscars. Elle avait déjà reçu un Golden Globe et toute une litanie de prix pour cette ode à Hollywood, aux films de Ginger Rogers, Fred Astaire et Jacques Demy.
La comédienne aux immenses yeux turquoises et à la voix légèrement rauque a éclipsé Isabelle Huppert ("Elle), Natalie Portman ("Jackie"), Meryl Streep ("Florence Foster Jenkins") et Ruth Negga ("Loving"). "A toutes les femmes dans cette catégorie, Natalie, Isabelle, Meryl, Ruth, vous êtes toutes si extraordinaires et je vous admire plus que je ne pourrais l'expliquer. Cela a été un immense honneur d'être en votre compagnie", a-t-elle déclaré en recevant sa statuette. "C'est une énorme confluence de chance et d'opportunité et donc je veux remercier Damien Chazelle pour l'opportunité de faire partie d'un projet qui a été si spécial, une occasion unique dans une vie", a-t-elle ajouté.
Dans "La La Land", Mia, qui a l'humour et la fraîcheur d'une Françoise Dorléac dans "Les demoiselles de Rochefort", travaille dans un café et tente de se faire un nom comme actrice, quand elle tombe amoureuse de Sebastian, un musicien de jazz brillant mais qui peine à faire décoller sa carrière. Tous deux un brin blasés et sarcastiques mais accrochés à leurs rêves, chantent et dansent à travers les lieux mythiques de Los Angeles, ses ponts, ses studios, ses collines, et bien sur, valsent dans les étoiles de son célèbre Observatoire. Les numéros de danse et chant ont nécessité trois mois de répétitions intensives.
- Public conquis - Les scènes d'auditions tiennent une part importante dans le film, parfois tragi-comiques, parfois déferlant d'émotions. Elles sont inspirées d'expériences vécues par l'actrice et son partenaire à l'écran Ryan Gosling, qu'elle retrouve pour la troisième fois après "Crazy, Stupid, Love" et "Gangster Squad". Damien Chazelle l'a choisie après l'avoir vue dans "Cabaret" à Broadway. Les critiques les plus dures estiment que ses aptitudes de danseuse ou chanteuse sont loin de celles des classiques du genre, mais la majorité des observateurs et surtout le public ont été conquis, louant un regard moderne sur les films de l'âge d'or d'Hollywood.
Née en Arizona, dans le sud-ouest des Etats-Unis, Emily Stone de son vrai nom, a voulu être actrice dès l'âge de 4 ans. A 15 ans, elle raconte avoir fait une présentation Power Point à ses parents pour les convaincre de la laisser arrêter le lycée et déménager à Los Angeles. Elle a fait ses débuts auprès de Patricia Arquette dans la série "Medium" et ses premiers pas sur grand écran dans la comédie déjantée "SuperGrave", pour laquelle cette vraie blonde est devenue une rousse piquante.
- Discrète - Après plusieurs petits films elle a joué dans la comédie "Bienvenue à Zombieland", et sa carrière a véritablement explosé en 2011 avec les comédies romantiques "Sexe entre amis", "Crazy, Stupid, Love" - où elle était l'objet du désir de Ryan Gosling - et surtout, "La couleur des sentiments". Elle y incarnait une apprentie journaliste rebelle qui veut faire prendre conscience du sort des employées de maison noirs dans l'Amérique sudiste et ségrégationniste des années 1960.
Sa carrière s'est encore accélérée avec la saga "The Amazing Spider-man: le destin d'un héros", où elle donnait la réplique à celui qui partagea un temps sa vie, Andrew Garfield. Celle qui déclare vénérer Diane Keaton et admirer Marion Cotillard a tourné dans deux comédies romantiques de Woody Allen "Magic in the Moonlight" et "L'homme irrationnel", avant d'être nommée pour la première fois aux Oscars il y a deux ans pour "Birdman", d'Alejandro Inarritu. Elle y incarnait avec force la fille ex-droguée, en colère et vulnérable d'un metteur en scène. "Welcome Back" lui a valu l'un de ses rares échec critiques et public: elle y a été épinglée comme un symbole de "white-washing": une blonde à la peau de porcelaine choisie pour incarner une métisse.
La jeune femme reste très discrète sur sa vie privée: "Si on ne peut pas vivre une vraie vie et se promener dans la rue, comment peut-on après interpréter des vraies personnes?" a-t-elle déclaré. (Belga / Belga)