Paul tente comme il peut de calmer sa tristesse, changeant de métier, vivant un temps une histoire d'amour loin de la Belgique, revenant suite au décès de son père.
Mais rien n'y fait: il aimerait tellement pouvoir enfin se rapprocher de sa fille Dorothy... ce que refuse catégoriquement la génitrice de cette adolescente turbulente, hantée par un bien lourd secret.
Paul et Dorothy vont finalement se rencontrer "par hasard": elle traîne avec sa meilleure amie, il la suit, afin de la prendre en photo. Elle le repère, il justifie sa présence grâce à son métier: détective privé.
Ce premier long-métrage de Savina Dellicour nous fait le coup du moteur diesel capricieux au démarrage. L'exposition maladroite cède petit à petit le pas à une réalisation robuste, et un récit solide, le genre de matière à manipuler avec une extrême délicatesse, ou ça saute à la figure. Et si ce faux départ constituait le principal "mensonge" de Tous les chats sont gris, donnant au spectateur l'impression d'assister à du cinéma cliché, mal joué, maladroit, afin de mieux le ferrer?
A y regarder de plus près, cette maladresse de départ colle à la peau de la galerie de personnages ici dépeints: ils souffrent tous, vivent des ersatz de bonheur, sans parler de la mémoire défaillante. Des éléments aptes à produire un bon gros morceau de 7e art anthracite, ce qu'évite sans efforts – aidée par la belle complémentarité entre Bouli Lanners et Manon Capelle - Savina Dellicour, préférant ne pas noyer le spectateur dans les affres d'un drame suffisamment pesant pour en faire des tonnes.