On pourrait dire de Noah Baumbach qu’il est l’héritier de Woody Allen: sa plume est au moins aussi acérée, sa vision de la structure aussi efficace, et pareil pour son énorme talent pour les dialogues jouissifs.
Mais les conclusions de Baumbach sont parfois plus complexes que celles d’un Allen qui semble parfois un peu rouillé dans sa vision de la société. C’est certainement le cas de ce While We’re Young dans lequel Ben Stiller joue l’alter ego de Baumbach. Stiller a passé les 45 ans, le point culminant de sa carrière est derrière lui, il a le sentiment d’avoir raté le plus beau de sa vie et il accorde une valeur quasi sacrée à sa conception du cinéma. Lorsqu’il rencontre Adam Driver, il pense avoir retrouvé la lumière. Mais Driver est l’enfant d’une autre époque, l’ère post 9/11, dans laquelle la vérité n’est plus la valeur absolue et où chacun veut à tout prix s’offrir son quart d’heure de gloire. Baumbach prend évidemment parti pour Stiller et la vieille génération, mais sans parvenir à éviter le ridicule.
Stiller s’enfonce d’ailleurs tellement dans ses principes qu’il en devient aveugle. Ce qui fait de While We’re Young un appel parfois amer mais drôle à tout relativiser, même si certaines normes deviennent plus floues.