Le moins que l'on puisse dire, c'est que Je me tue à le dire détonne dans le paysage cinématographique belge, plus enclin à produire des films réalistes à haute valeur ajoutée sociale que de proposer des univers décalés plus sensitifs que réflexifs.
L'univers proposé Xavier Seron dans son premier long-métrage se révèle aussi cohérent que, in fine, séduisant. Dans un premier temps, on a pourtant l'impression d'assister à une tentative, intéressante mais un peu démonstrative, de faire se rencontrer, dans une photo noir et blanc racée, l'esthétique minimaliste et distanciée d'Ari Kaurismäki et la gouaille désabusée de Kervern et Delépine. Mais le réalisateur belge parvient à faire entendre sa propre petite musique, mélange de poésie mélancolique et de cruauté empathique, grâce à une belle mélodie originale: son portrait de Michel Peneu (Rien que ce nom!). Le réalisateur observe ce collectionneur de névroses englué dans un amour maternel rassurant mais encombrant, avec un regard ironique mais tendre et qui apporte à ce personnage, bien campé par Jean-Jacques Rausin, une profondeur d'où jailli une indéniable émotion.
Je me tue à le dire est bourré à ras bord de trouvailles visuelles, de situations surréalistes et de jeux de mots façon Jacques Lacan (souvent) savoureux.
Je me tue à le dire: Allo maman bobos