L'honneur de cette réussite doit-il revenir à Woody Allen ou à Cate Blanchett? Peu importe, ce qui compte c'est que ce 'Blue Jasmin' rejoint la liste des Woody Allen de qualité. On entend parfois des acteurs dire que jouer quelqu'un de saoul est la chose la plus dure qui soit. Et il est vrai que l'on dénombre nettement plus d'exemples de ratages dans le domaine que d'interprétations d'ivrognes crédibles. Et si vous voulez mon avis, il en va de même pour l'hystérie, si ce n'est pas pire. Un ivrogne qui ne convainc pas, ce n'est rien de plus que ça. Mais une actrice qui joue celle qui perd la boule court en plus le risque de sérieusement taper sur les nerfs. Déjà rien que pour cette raison Cate Blanchett mérite une salve d'applaudissements pour son interprétation dans 'Blue Jasmine'. Il va sans dire que le scénario intéressant concocté par Woody Allen ne gâche rien, et permet à Cate Blanchett d'assoir son personnage mentalement déséquilibré sur une base solide. Les sauts dans le temps, judicieusement placés, entretiennent la curiosité du spectateur, tout en donnant constamment une image intéressante de comment l'esprit troublé de Jasmine fonctionne. On regrettera seulement que cette réussite ne s'étende pas aux personnages caricaturaux entourant Jasmine, même si Sally Hawkins reste implacable dans ce domaine. Bilan, une oeuvre entièrement dédiée à Blanchett, et on ne s'en plaindra pas. (RN)