Comme dans la plupart de ses films, Woody Allen est allé chercher l’inspiration auprès d’un vieux modèle du cinéma, et il ne s’en cache pas.
Blue Jasmine était une adaptation tragicomique de A Streetcar Named Desire de Kazan et l’amer Sweet and Lowdown renvoyait à La Strada de Fellini. Pour Magic in the Moonlight, Allen a été voir du côté de Ansiktet ou The Magician de 1958 réalisé par Ingmar Bergman.
Mais Allen a radicalement retravaillé le matériau pour le transformer en comédie romantique. Une comédie qui fonctionne impeccablement, grâce aux dialogues pétillants, une interprétation magistrale de Colin Firth et un jeu réussi avec le spectateur. Ce dernier point dépend cependant du regard que vous portez sur la ‘tromperie’. On sait qu’Emma Stone est une arnaqueuse, à moins de croire en la vraie magie. Mais on sait aussi qu’Allen n’y croit pas. D’un autre côté, on s’identifie également avec Colin Firth qui commence à croire en cette magie.
A la longue, il devient du coup malaisé d’emboîter le pas à Firth, car il passe du statut de génie arrogant à celui de pigeon fade. Mais dans le fond, peut-être était-ce justement l’effet recherché par Allen.